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    LES DENTS DE LA MÈRE

     

     

    Si je suis de racine Berrichonne par mon père, ma ramure est italienne par ma mère et cette dernière m’influença plus que tout. J’ai le souvenir d’une famille unie autour d’un patriarche silencieux, homme dur au travail mais qui ne manifestait jamais ses sentiments et de ma grand-mère, femme au foyer hors pair,  qui tenait sa maison de main de maître.

     Mais, en fait, ce brave patriarche n’avait que la fonction apparente,  car s’il était une autorité incontestable dans la famille c’était bien elle, son épouse, une femme qui gérait sa maison avec autorité, intransigeante en ce qui concerne les règles morales chrétiennes et qui fut même à l’origine d’une vendetta familiale où tous les coups étaient permis, ce qui se justifiait par le fait que nous étions dans notre droit légitime, donc du bon côté de la morale.

     J’ai vécu cela pendant des années et ça m’est resté.

     L’admiration que je porte pour cette femme, ma grand-mère, est encore vive aujourd’hui. Disparue depuis longtemps, j’ignore si j’ai réellement fait mon deuil selon l’expression consacrée, par contre il reste de celle que j’appelais affectueusement « mémé » un souvenir impérissable et qui m’a inspiré pour faire ce roman. Un clin d’œil qui doit être partagé avec ma mère, Mylène, en tant que sa fille elle confirme bien le dicton que « les chiens ne font pas des chats ».

     Maman fut en effet une mère aimante et possessive chez qui je retrouve souvent des traits de ma grand-mère, mi-biche et mi-panthère, une Italienne quoi…


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    J’ai été très impressionné par le naufrage du "Concordia", j’ai suivi les événements heureux ou fâcheux, parfois dramatiques de ce qui faillit être, si ce bateau était en haute mer, un drame bien au-delà de celui du "Titanic".

    Comment pouvait-on imaginer qu’un bateau de 300 mètres de long avec 17 ponts, et 3700 passagers pouvait sombrer comme ça, non pas par un iceberg, ce qui en méditerranée aurait été une première, mais contre un rocher en bordure des côtes italiennes ? Limite s’il ne fallait pas le faire exprès.

    Mon inspiration est venue de là.

    Pourquoi ne pas faire couler un bateau de croisière, de taille plus humaine, suite à une machination liée à la volonté de faire disparaitre une personnalité importante.  Voilà une idée qui me plaisait : suivre une poignée de naufragés dans ce périple en mer, bravant bien des épreuves et des dangers.

    Il me fallait un nom pour le bateau, l’humour voulait que ce soit quelque chose d’improbable, j’ai choisi "La Belle Brune".

     

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    Dans le quartier de ma jeunesse il y avait deux rues dans lesquelles j’aimais jouer, la rue Pierre Dupont et la rue Béranger. Elles avaient plusieurs particularités et similitudes. La première de toutes c’était qu’elles se rejoignaient bout à bout et qu’elles déclinaient en pente du plateau à la rue Sadi Carnot ce qui était une opportunité pour nos courses de "chariots" : planches équipées de roulettes en roulement à bille.

    Elles étaient toutes deux bordées d’arbres qui s’alignaient devant des façades de maisons disparates, hautes, basses, petites même car je crois qu’il ne doit pas exister de plus petites maisonnettes que celles qui s’accrochaient sur quelques m2 de terrains en bout de rue, faites de briques, de pierres, recouvertes de crépis ou tout simplement en planches.

    On ne retrouvera plus ce type de maisons côte à côte ni à Paris, ni ailleurs, c’était un autre temps, celui des jardinets aux petits potagers et aux fleurs d’été.

    J’ai assisté au cours des années aux vieillissements des habitants de ces deux rues pour finir par n’y voir que des vieillards qui les traversaient le dos courbé par le temps.

    La nostalgie des heures heureuses quand nous pouvions tous nous y retrouver au point de former une bande de gamins bruyants et chahuteurs, les petits commerces, son bistrot et ses habitants qui semblaient être retirés du monde m’a inspiré tant par le cadre que par les personnages de "Pour des Prunes".

    En effet, "Pour des prunes" est, en quelque sorte, la résurrection de quelques fantômes du Paris d’autrefois qui m’habitent encore aujourd’hui.


  • PAPA CHARLY

     
     

    J’ai connu des tas de gens qui avaient une vie pas ordinaire où le risque était omniprésent, je les ai fréquenté et j’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, de constater à quel point les liens d’amitié entre eux étaient forts.

    Des mercenaires ou des soldats, tous guerriers dans l’âme, mais aussi des civils que la destinée avait contraints à des actes d’héroïsme.

     Dans "Papa Charly" j’ai voulu en décrire certains d’entre eux avec cette philosophie particulière qui a fait de ces gars-là des types "hors du temps" prêt à se resserrer pour accomplir un travail ou une mission sans se poser de questions et, contrairement à ce qu’on croit, où le mobile financier n’est pas programmé. Ayant rencontré le pilote d’un broussard, véritable vagabond du ciel, un mercenaire plus "Yves Saint Laurent " que "sable chaud de chez Bigeard ", stoïque en toute circonstance, calme et élégant, même dans sa tenue léopard. Un ancien d’Afrique, rondouillard comme radio au Katanga et au Biafra, souriant et débonnaire, voilà donc tous ces gens que j’ai voulu regrouper pour cette aventure.

     Bien sûr, il y a de l’humour.

     Mais tous ces gens avaient, de mémoire, beaucoup d’humour et riaient souvent à gorge déployée. Les "gens biens" les appelaient "les affreux " mais moi, ils m’ont séduit car derrière les carapaces qui les protégeaient du regard des autres il y avait des hommes, des vrais, de ceux qui font les nations.

    Bon voyage dans mon monde avec "Papa Charly".


  • LE MAGOT DE LA VIEILLE

    L’amour des Cévennes et de l’Ardèche m’a poussé à planter le décor du "Magot de la vieille".

    Pourquoi le magot ? Parce que je crois plus probable que ce sont dans nos régions reculées que l’on a plus de chance de voir s’y cacher des "bas de laine" et circuler des espèces. Quant au fond de cette histoire elle met en avant la rencontre imposée de gens, qui d’ordinaire ne se seraient jamais parlé, et de combines pour vivre toujours au-delà de la loi sans pour autant passer au grand banditisme. De nos jours la ligne jaune n’est plus un trait fin et délicat mais plutôt un coup de rouleau large et imprécis.

    C’est l’époque qui veut ça.

    En attendant, cette communauté de sédentaires et de voyageurs devra vivre avec les qualités et les travers de tous. On y découvre des actes de reconnaissance, de générosité, de gentillesse ou de courage, mais également des colères, coups de gueules ou de l’avidité pouvant pousser jusqu’au meurtre. Bref, des réactions terriblement humaines.

    Mais aussi de l’amour, là aussi, toujours improbable, inattendu et surprenant, mais n’est-ce pas justement à cela qu’on le reconnaît ? Enfin, de l’humour et de la bonne humeur, que voulez-vous, je ne sais pas faire autrement.

     





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