• ATHOS

    Si le seigneur d’Athos a belle et bien existé, s’il fut pour son malheur non pas l’aîné mais le cadet de sa famille ce qui le poussa au Mousquetaire au service du Roy plutôt que dans les ordres avec une lettre de recommandation de Monsieur de Trévise, la réalité historique s’arrête là. Il fut un mousquetaire loyal, fidèle, et vécut plus longtemps que le personnage d’Alexandre Dumas, pour le reste, ce fut une vie sans éclat particulier.

    Qui fut donc le "Athos" célébré d’Alexandre Dumas ?

    Un symbole, un symbole fort pour représenter ce qu’était la noblesse française avant le troublant XVII ème siècle. Une noblesse qui disparaît en s’éteignant comme une bougie dans un monde où tout change, tout évolue, que ce soient les mœurs ou le pouvoir, la morale ou la pratique de la foi, sans pouvoir réagir faute de le réaliser réellement.

    Athos c’est la grandeur.

    Pour lui l’argent ne compte pas, il est nécessaire, sans plus, mais sans pour autant le mépriser, comme un outil utile à l’artisan ce qui ne peut pas s’adapter dans un monde d’argent qui permet à la bourgeoisie avide de s’infiltrer dans toutes les artères de la société. Athos c’est aussi le sens de la parole, la droiture, nul besoin de contrat, il suffit de respecter son engagement or, dans ce monde ou se développe les complots et les trahisons il est encore en décalage. Il en fera les frais en étant trompé par Milady qui va lui capter ses biens et se donner à d’autres hommes par intérêt. Elle est le symbole de la bourgeoisie pour qui "la fin justifie les moyens".

    Athos, l’exemple qui attire l’admiration.

    Ce n’est pas sans raison si Porthos et D’Artagnan rêvent de lui ressembler, exception faite de Aramis qui serait plutôt partagé entre l’envie et la pitié. Envie de ce qu’il aimerait être et qu’il ne sera jamais et avec pitié de voir un homme de tant de qualités se perdre sans prendre ce monde à bras le corps en adoptant ses nouvelles règles. Il sera du reste responsable de sa mort et s’en repentira toute sa vie…

    Alexandre Dumas devait faire mourir Athos puisque cette noblesse était condamnée, c’était un symbole fort, mais il dut le faire également avec Porthos le plus faible, en fait, des quatre, ce qui le fit fondre en larmes en disant à son épouse « J’ai tué Porthos ! ».