• LA GROTTE

     

    LA GROTTE

    Il faut bien se rendre compte qu’en cas de surprise pendant un déplacement, une marche, on peut être surpris par la tombée de la nuit ou le mauvais temps. Là, il s’agit de trouver le moyen de s’abriter au plus vite, nous pouvons monter une tente en vitesse, étendre un tapis de sol, trouver une grange, une maison ou bien, inespéré, une grotte.

    Une grotte, abri inespéré.

    C’est ce qui nous est arrivé en plein mois de juillet alors que le temps paraissait beau ; nous avions fait plus de quinze kilomètres et étions en pleine montagne quand nous avons repéré l’arrivée lente mais menaçante de cumulonimbus. Il fallait presser le pas, j’avais bon chercher sur ma carte d’état-major il n’y avait rien si ce n’est que ce chemin en pointillé qui serpentait dans une végétation courte et épineuse. Le jour s’étirait, le ciel s’obscurcissait, nous pressions le pas malgré notre fatigue quand soudain l’un de nous pointa du doigt la falaise qui était sur notre gauche «Grotte !». Effectivement, une grotte se trouvait à une hauteur de deux à trois mètres au-dessus de nous, l’occasion était trop bonne. Je décidais de remplir nos gourdes dans le cours d’eau en contre-bas et de remplir notre jerricane, pendant que d’autres allaient chercher du bois. Tout se passait très vite, nous montions nos sacs en les prenant un par un pour nous installer dans cette grande grotte dont nous n’imaginions pas la grandeur de l’extérieur. Il fallut peu de temps pour y allumer un feu, disposer nos sacs de couchage et entasser le bois et ce n’est qu’après cette installation que j’entendis dans les branches le bruit des gouttes d’eau.

    Un temps de dingue !

    Nous approchions au bord de l’orifice pour voir les gouttes s’écraser sur le sol, elles forment des étoiles, je regarde le ciel obscurci avec satisfaction « cette fois nous avons pu la prévenir » pensais-je alors que la cadence des gouttes augmentait, elles s’écrasaient sur le sol sableux, lourdes et puissantes, puis il en tomba tellement que nous dûmes nous reculer pour ne pas être trempés. Le cuistot s’activait près du feu, la fumée montait lentement pour se heurter au plafond et le suivre jusqu’à l’extérieur. Ce soir ce sera une soupe et du cassoulet, le pain est découpé, nous commençons à nous installer alors que le vent s’est levé. Cette fois ce sont des bourrasques d’eau qui noient les terres environnantes et l’entrée de la grotte. Notre repas se passe dans la bonne humeur, les rires vont bon train, nous mangeons de bon appétit puis nous voilà au moment le plus précieux, celui de nos cafés dans nos quarts de l’armée, voilà une bonne dose qui nous fait du bien. Dehors c’est épouvantable, le vent souffle avec de fortes rafales, la pluie tombe en faisant un bruit sourd et continue, la température baisse, il nous faut réenfiler nos chemises pour supporter cette fraicheur soudaine. Sous la lueur de notre lampe je peux voir les visages rougis avec nos regards qui se portent vers cette tempête.

    Une nuit paisible sous le vent.

    Quand la prière est faite nous allons nous coucher, je prends le premier tour de veille, bientôt après quelques conversations c’est le silence, cette journée a éprouvé les corps et les muscles, tous s’endorment et je suis seul éveillé pendant deux heures. J’aime cette responsabilité, ce rôle d’entretien du feu et cette incroyable sensation de veiller sur le sommeil de mes camarades. Je me lève et regarde la nature en révolte, heureusement que nous avons trouvé cette grotte car même à l’abri de nos toiles je crois que nous aurions été balayés, le temps est beaucoup trop mauvais. Le temps passe lentement, je jette quelques bois sur les braises et les flammes reprennent, le halo lumineux éclaire la voute, c’est un endroit curieux et je me demande comment pouvais faire nos ancêtres pour y vivre, puis c’est l’heure, je me lève et tape sur l’épaule du suivant. Les yeux ensommeillés il se lève sans un mot et va prendre ma place, je me couche dans mon duvet et écoute la pluie tomber en m’endormant. Au petit matin c’est incroyable, le soleil est de retour, je vais voir ça de plus près et vois un désordre dans les feuillages, certains ont été arrachés d’autres balayés sont au sol çà et là, la terre est détrempée, tout est encore mouillé. Je vois les feuilles plier sous les gouttes qui tombent sur le sol. Cette grotte nous a abrité, c’est vraiment un cadeau du ciel, mon Dieu, que la Lozère est belle !

    Daniel Blanchard - Porthos

     


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