• Daniel Blanchard

    DANIEL BLANCHARD

     

    Daniel Blanchard

     

     

    Issu du Baby boom, je vis le jour dans la banlieue de Paris, aux limites de « la ceinture verte », plus exactement des « fortifs », anciens nids de miséreux et « d’apaches ». Un deux pièces, grand comme une maison de poupée, fut le berceau où je vécus quinze années de bonheur, au pied du plateau des Malassis à Bagnolet. Des milliers de petites maisons de plâtres ou de bois étaient entourées de jardinets jalousement protégés par des grillages étranglés de vigne vierge. Illusion, l’hiver, d’un vaste camp barbare qui élevait la fumée de ses feux aux portes de la ville lumière. Je suis le fruit d’un coquelicot du Berry et d’un Lys d’Italie, partageant ma jeunesse entre la communale et la paroisse. Judicieux compromis qui me permit d’aimer mes professeurs et mes prêtres, les uns et les autres dévoués à l’humanitaire dans nos quartiers défavorisés. Voilà comment je vécus ma jeunesse avec les Péponne et les Don Camillo, manches retroussées comprises, les Gabin et leur « Gas Oil » qui remontaient ma rue, les Bérurier, les coiffeurs, à l’image d’Alfred, les Blier, les Francis Blanche, les André Pouce, Lefevre, les Aldo Maccione, j’en passe et bien des meilleurs, sur fond de Dard ou d’Audiard, de Trenet, Piaf ou Jean Sablon. Dire que je suis marqué par cette France là est un euphémisme, je vis encore avec eux. Le scoutisme a changé ma vie. Ce fut l’éblouissement, les premiers écolos qui se faisaient charrier par ceux-là même qui ramènent leur science aujourd’hui et qui en font bien moins… Ma troupe et, plus précisément, ma patrouille (Les Aigles), fut une seconde famille, dans laquelle je me suis épanoui pendant pas loin de 18 ans. En 1965, ce fut la rupture totale. Je perdis ma maison, le quartier étant expulsé pour la construction de HLM aussi bétonnés qu’un Bunker de Normandie et mon école, pour un luxueux clapier à lapins et un collège parisien. J’assistais, impuissant, à l’extermination de cette France qui ne sera plus jamais la même. Le reste est sans incidence, mon cœur déjà envolé vers Dumas, Jules Verne, Saint Exupéry et Alain Fournier. Je pleurais sur Porthos, Nana et Le Grand Meaulnes, m’émerveillant sur Terre des hommes ou vol de nuit. A 17 ans, je dévorais tout Balzac, Zola et Victor Hugo. Juste à temps pour mon incorporation au 1er RCP à Pau pour lequel je m’étais porté volontaire parachutiste, avec une candidature pour la dernière base française en Algérie, comme ça, pour le souvenir de mes héros… Après mon militantisme et mon modeste soutien au Sud Vietnam, au Liban chrétien et aux Angolais face au débarquement cubain, je rencontrai la femme avec laquelle j’ai eu trois beaux enfants et avec qui je me dirige – si Dieu le veut – vers une retraite paisible. Je n’aime pas m’étendre sur mes activités, de peur de passer pour un faussement modeste ou un brillant prétentieux, mais j’ai connu différentes situations, l’armée, toujours (jusqu’en 83), la sécurité, la protection des personnes, l’Amazonie, la recherche de spécialistes pour l’ONU, des missions dans les pays de l’Est pour des entreprises françaises… Bref, beaucoup de mouvements et de rencontres, durant lesquels je m’enrichissais de témoignages extraordinaires et parfois dramatiques. J’y ai perdu beaucoup d’amis, écrivains, journalistes, hommes politiques ou soldats, de mort naturelle ou non. Chaque vie a ses pages noires. Mais une vie, trop courte comme le dit si bien la chanson. De mon passé je ne regrette rien, ni de mes choix, ni de mes actions, j’ai toujours agi en mon âme et conscience et, au soir de ma vie, j’ai la satisfaction de me rendre compte que je ne me suis pas trompé. J’écris donc. J’écris depuis des décennies, jetant mes manuscrits quand ils encombraient trop mon bureau, mais je n’écris pas par souci d’occuper mes temps libres, non, j’écris pour vivre car c’est mon oxygène. Ma vie.

     

     

    Daniel Blanchard