• BASILE

    BASILE

     

    BASILE

    Mon oncle Basile, l’un des héros de ma jeunesse. Il y avait une chanson à l’époque qui disait "ou vas-tu Basile sur ton cheval blanc perché… Je vais à la ville le vendre au marché" c’est l’histoire du petit Basile qui devient le Roi des dégourdis et moi je chantais ça en écoutant la radio, voilà un souvenir qui me revient par une chanson. Du reste, c’est curieux car c’est un prénom que je n’entends plus de nos jours, il reviendra peut-être. Donc Basile était le fils de mon grand-père soit mon oncle, et il habitait chez mes grands parents ce qui était pratique car il travaillait avec son père, "Pépé" au garage au bout du chemin. C’est la période la plus heureuse de ma vie et ce pendant 15 ans ! Alors que dire de ce héros, le deuxième après mon père cela va de soi. Nous avions seize ans d’écart c’est dingue ça, je le revois partir au service militaire, trois ans, rien que ça, ce n’était pas une paille à l’époque son frère Raymond lui était déjà revenu, il avait fait son armée en Allemagne alors lui il fut bon pour l’Algérie.

    Des histoires lointaines.

    Il y avait cette rivalité entre mon grand-père et son frère, une histoire de femme ce qui ne pardonne pas chez les Italiens il ne se parlaient plus et s’étaient séparés par contre il habitait toujours au bout du chemin, près du garage. Cette Vendetta à laquelle j’étais convié de ne pas participer et que je refusais d’ignorer était une bêtise, une gaminerie, mais j’étais très jeune et je n’avais pas le cerveau assez grand pour comprendre que c’était idiot. Quoi qu’il en soit, pour ne pas paraitre traitre, je passais devant chez eux en les ignorant. Basile lui, pas de souci, c’était un bel homme, on lui résistait difficilement, les femmes qui se faisaient embobiner ne se comptaient pas. Bon, ce n’était pas un séducteur genre James Bond mais il avait un succès qui attirait les jalousies dans le voisinage. Alors dans les histoires les plus lointaines j’ai mon grand-père et ses fils qui déterraient pendant l’absence des "Gapènes" son frère, des traverses de chemin de fer qui soutenaient la partie de leur chemin ensuite ils les débitaient pour les mettre à la chaudière, ce en quoi, l’autre se chargeait pendant l’absence de mon grand-père, "Pépé", de démonter les pneus neufs des clients du garage pour les remplacer par des occasions. Inutile de dire que c’était toujours comme ça. Un jour la poubelle du garage se retrouvait en haut, vers mon école, à deux cent mètres, mon oncle la ramena et le lendemain ce fut la même chose, alors il décida de planter un gros crochet dans le mur avec une chaine qui se reliait à la poubelle, la nuit nous avons tous entendu un bruit de dingue, nous sommes sortis et c’était la voisine qui sautait sur la poubelle à pied joint. Cette même voisine dit à mon oncle un jour devant des gens qui écoutaient la dispute « sale rital » ce en quoi mon oncle a bien ri en lui répondant « dis donc, tu n’as pas toujours dit ça ? » l’autre rouge de confusion est rentrée chez elle. Des souvenirs comme ça avec lui j’en ai plein, un jour dans la dépanneuse nous descendions une rue à Romainville je crois, mon oncle s’arrête un peu tard et pousse la voiture de devant, il se penche à la fenêtre et dit « vous ne pouvez pas laisser votre pied sur le frein ? » l’autre se confond en excuse avant de s’apercevoir qu’il était en descente mais nous étions déjà loin. Une autre fois avec une 2CV il tombe en panne de cardan, il s’arrête, le retire, reprend la voiture et s’en va devant les passant médusés. Ah j’en ai des souvenirs ! Comme la dépanneuse qui va chercher une voiture enlisée sur le sable dans un pavillon, le client hésite « vous devriez faire attention car votre dépanneuse pourrait s’enliser aussi » mon oncle réfléchit et dit que ça va aller, un quart d’heure après il est obligé d’appeler un de ses collègues pour venir avec une autre dépanneuse pour le dégager. A Milan un cycliste zigzaguait pour l’emmerder parce qu’il était français et immatriculé a Paris, au bout d’un moment il en a eu marre et a accélérer l’autre s’est assis sur le capot. Une autre fois en descendant le grand Saint Bernard ses freins ont lâché, c’est vraiment un truc à ne pas avoir à cet endroit, il a donc doubler toutes les voitures petites ou moyennes comme celle de mon oncle Raymond qui se demandait ce qui lui passait par la tête pour se placer derrière une grosse Mercedes les dégâts ont été moindre. Quand il était parti en Algérie je me disais qu’avec lui c’était une affaire pliée, je ne comprenais pas qu’il traine des pieds, maintenant je comprends. Il m’a fait de beaux cadeaux, un garage, une ferme, une voiture à pédale, une "Jeep Willis" s’il vous plait, oui, c’était vraiment mon protecteur. J’aimais, parce que j’étais un peux jaloux de le voir passer du temps avec les autres femmes, le taquiner, l’appeler dans la rue en criant « Maman t’attend à la maison ! » ou lui voler les messages que lui envoyait la secrétaire du cabinet Ville pour le compte de ma grand-mère. Je n’étais pas sérieux, quand il me renvoyait pour être seul avec sa future femme, Daniele, et que je lui disais « Laissez, c’est pas grave, j’ai l’habitude », Pfffffffff j’étais une teigne mais je pleure mon oncle aujourd’hui.

    Blanchard Daniel - Porthos