• DON CAMILLO

    DON CAMILLO

     

    Quand je dis à mes enfants que j’ai rencontré Don Camillo ça les amuse, ils doivent me voir un rien conteur et je les devine tentés de me chanter la chanson de Charles Trenet «Vous oubliez votre cheval».

    Pourtant, je laisse juge le lecteur.

    Ma rencontre tient à un rendez-vous en Italie dans un petit village, il m’attendait au milieu de la place, droit, campé sur ses jambes et les bras croisés.

    Si on se souvient de Fernandel, je vais tenter de faire une comparaison physique du prêtre à qui j’avais à faire. Grand, un bon mètre quatre-vingt, large d’épaules, musclé, une bonne tête qui pouvait dégager la plus grande tendresse selon le sujet comme la grogne la plus menaçante. Outre sa soutane et son chapeau, à l’identique de l’acteur, il devait chausser grand et large car ses godasses avaient presque la taille de péniches.

    Reste le comportement, tout d’abord homme de foi, je l’ai vu se signer et parler à haute voix au Seigneur, non pas par des conversations tenues mais des phrases dans le genre « Votre humble serviteur, Seigneur». Le prêtre avait une solide réputation de montagnard, il était guide et avait «fait» vingt-trois fois le Cervin, taquiné régulièrement le Mont blanc et quelques autres dont je n’ai plus souvenance des noms. Enfin, à table il valait mieux l’avoir en photo que le nourrir et côté descente ça ne chinoisait pas non plus.

    C’est dire le gaillard.

    Mais la ressemblance ne s’arrêtait pas là, il avait à faire quelques fois à ses «rouges» locaux où des gens du village m’avaient confié que ce n’était pas un problème car en cas de litiges ou d’abus il allait chez les intéressés et ça s’arrangeait toujours «d'homme à homme» derrière «une grange ou dans un coin discret». On m’avait précisé que, vu le morceau, les volontaires manquaient souvent à ce sport ce qui maintenait dans le coin une certaine stabilité alors que les villes Italiennes plongeaient en pleine violence. Quand je lui en touchais deux mots, c’est lui qui s’était fait discret là-dessus.

    - «Non, il y a beaucoup d’exagération vous savez !»

    Il n’empêche que des gens m’avaient relaté qu’un dimanche matin avant la messe il avait retiré des photocopies du portrait de Staline qui avaient été traitreusement déposées sur les bancs de l’Eglise ce qui l’avait rendu furieux. Une fois la messe terminée il avait fait une descente où les «fortement soupçonnés» de cet acte criminel avait organisé ce que l’on appelait en ce temps-là «une boum» et où ça avait gravement dégagé.

    Voilà qui me met en mémoire un Fernandel en terrasse de café…

    Alors ? Je n’ai pas rencontré Don Camillo ?

     

    DON CAMILLO



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