HISTOIRES DE TERRAINS

Persévérance.

"Tintin" avait adopté une stratégie, à son terrain il grattait une cinquantaine de centimètres sur celui qui jouxtait le sien qui était en friches et, dans son esprit, sans propriétaire. A chaque fois, il déplaçait sa clôture avec la satisfaction du devoir accompli. Seulement voilà, le rituel sur une vingtaine de mètres de long au bout de quinze années avait considérablement augmenté son capital terrien. Il y faisait pousser des légumes et des fruits avec un rendement proportionnel à l’agrandissement de sa surface.

Tout aurait été pour le mieux si un jour l’EDF n’était venu pour une remise à niveau du circuit électrique au village…

Etonné, l’ingénieur se penchait sur les plans, les tournait et les retournait dans l’incompréhension la plus totale, le décalage avec ses données étant de plusieurs centaines de m2 le perturbait considérablement quand il comprit qu’il y avait de la malversation dans l’air. Un géomètre fut appelé et mon "Tintin", malgré l’innocence affichée et ses protestations, dut se rendre à l’évidence qu’il lui fallait démonter sa clôture et la remonter là où elle n’aurait jamais du bouger.

Deux semaines après, les travaux terminés, je surprenais au petit matin mon voisin qui déplaçait de nouveau ses piquets…

Une maison peut en cacher une autre

J’ai connu un ami qui passait ses week-ends dans un terrain dont il avait fait l’acquisition pour y planter quelques arbustes, des fleurs et agrandir sa cabane en bois, car il ne pouvait faire mieux son terrain n’étant pas constructible. Mais une fois terminée il passa à la vitesse supérieure et il l’a reconstruite en dur à l’intérieur, au final, quand il a abattu ses planches, il avait une véritable maison, les décennies passées aidant, elle fut reconnue officiellement.

Un détournement impuni

Alors qu’un grand centre pétrolier qui voulait s’étendre venait de faire l’acquisition d’une maison et de son terrain attenant, faute de propriétaire ce dernier étant décédé ils eurent une désagréable surprise.

Dans la cave, un curieux branchement révéla que durant une bonne partie de sa vie, l’homme s’était connecté sur les tuyauteries de la raffinerie… Une façon comme une autre d’agrémenter considérablement sa retraite.

Un braconnage astucieux

L’un de mes oncles était braconnier, c’est comme ça, à la campagne en ce temps-là chacun avait le sien…

Le mien était tout de même astucieux, ayant orienté son potager vers les champs il prit soins de faire une ouverture dans le muret de sa clôture ce qui avait pour effet d’attirer tous les lapins de France et de Navarre qui voyaient plus d’intérêt à la vue des belles salades, des choux dodus et autres légumes grassouillets que dans leur glanage quotidien. Ainsi, poussés par le péché de gourmandise, ils se faufilaient dans le trou pour ce qu’ils pensaient être un Eden alors qu’en fait, ils n’y trouvaient que les crocs du chien en embuscade.

Chez lui, nous ne manquions jamais de lapin…