• MELISSE

    MELISSE

     

     Nous avions chez nous un jardinier.

    Mon épouse et moi étant tous deux respectivement pris par nos activités professionnelles, les fins de semaines se réduisaient comme peau de chagrin, nous  ne pouvions entretenir notre terrain qui était d’une part assez grand mais, surtout, en lisière de forêt. Il  nous fallait quelqu’un qui, chaque jour, puisse surveiller si quelques "saloperies" ne se pendraient pas quelques libertés envers la propriété privée, félins, serpents et autres bestioles antipathiques.

    Notre chat, un siamois complètement fondu, n’hésitait pas à garder son territoire, un vrai fou, ce qui lui valut plusieurs séjours en soins, limite intensifs, et en rééducation. Sous son pelage, il devait être plus cicatrisé qu’un légionnaire romain après vingt ans de campagne… Non, ce n’était plus possible, il nous fallait bien un jardinier.

    Ce fut Mélisse.

    Des amis nous l’avaient conseillé, il ne voulait travailler que pour des français estimant que "les autres", entendons les locaux, étaient trop injustes et à la limite de l’honnêteté pour payer les salaires. J’ai en ce temps-là souvent entendu cette réflexion. Notre employée elle-même, multi-casquettes dans ses fonctions de bonne, femme de ménage, cuisinière et garde d’enfants avait tenu le même langage. Bref, nous l’avions vu travailler les premières semaines sans ménager ses efforts, il avait doublé notre clôture de barbelés d’une haie qui s’était vite épaissie et fleurie, nous étions donc heureux d’avoir porté notre choix sur cet homme.

    Un matin, ma femme en ouvrant les volets pousse une exclamation de surprise… Le jardin était en fleurs ! Là, par contre, ça dépassait l’entendement et Mélisse apercevant sa patronne s’était tourné vers elle tout sourire en s’exclamant :

    - « Toutes belles fleurs pour toi Madame ! »

    Ce n’était plus un jardinier mais un magicien !

    La villa commençait à avoir fière allure et c’est avec de plus en plus de satisfaction que nous étions partis travailler. Le même jour ma femme croise une amie qui lui parle de choses et d’autres jusqu’au moment où elle lui avait dit une phrase qu’il l’avait pour le moins intriguée.

    - «  Il faut que je vois mon jardinier, Mélisse, car ce matin je n’ai plus de fleurs ! »

    De retour à la maison, elle s’approche d’un massif, tire sur l’une des fleurs et constate qu’elle n’a aucune racine, elle était purement et simplement coupée !

    Il avait voulu faire plaisir à ma femme… « Toutes belles fleurs pour toi, Madame ».


    MELISSE



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