• POUR DES PRUNES

     

    Dans le quartier de ma jeunesse il y avait deux rues dans lesquelles j’aimais jouer, la rue Pierre Dupont et la rue Béranger. Elles avaient plusieurs particularités et similitudes. La première de toutes c’était qu’elles se rejoignaient bout à bout et qu’elles déclinaient en pente du plateau à la rue Sadi Carnot ce qui était une opportunité pour nos courses de "chariots" : planches équipées de roulettes en roulement à bille.

    Elles étaient toutes deux bordées d’arbres qui s’alignaient devant des façades de maisons disparates, hautes, basses, petites même car je crois qu’il ne doit pas exister de plus petites maisonnettes que celles qui s’accrochaient sur quelques m2 de terrains en bout de rue, faites de briques, de pierres, recouvertes de crépis ou tout simplement en planches.

    On ne retrouvera plus ce type de maisons côte à côte ni à Paris, ni ailleurs, c’était un autre temps, celui des jardinets aux petits potagers et aux fleurs d’été.

    J’ai assisté au cours des années aux vieillissements des habitants de ces deux rues pour finir par n’y voir que des vieillards qui les traversaient le dos courbé par le temps.

    La nostalgie des heures heureuses quand nous pouvions tous nous y retrouver au point de former une bande de gamins bruyants et chahuteurs, les petits commerces, son bistrot et ses habitants qui semblaient être retirés du monde m’a inspiré tant par le cadre que par les personnages de "Pour des Prunes".

    En effet, "Pour des prunes" est, en quelque sorte, la résurrection de quelques fantômes du Paris d’autrefois qui m’habitent encore aujourd’hui.