• LA MURENE

     

    Pour Simon c'est risqué, mais inespéré. Dans le feu de l'action, le chef de file des pieds Nickelés lui tourne le dos et l'ignore.  Par inadvertance ou mépris, peu importe… Il commet une faute professionnelle grave car il permet au flic de sortir son arme et, le bras tendu, de lui appuyer le canon sur la nuque avec force :

    «J'ai un rêve dans ma vie, un fantasme, éclater un crâne comme le tien !»

    Surpris l'autre hésite et finit par écarter les bras en relevant son feu que Simon lui arrache littéralement des mains pour le contourner et se placer face à lui. Il le braque toujours, le bras tendu, les yeux fous avec un rictus haineux. Il n'en mène pas large, l'adepte de Tarasse Boulba. Il sait doser ses chances et évaluer le danger et là, la tronche de celui qui le pointe est celle d'un fondu qui peut lui exploser la tronche sur un simple coup de tête. Il a affaire à un susceptible, un caractériel, un mec qui vous plombe avant de réfléchir ! Pas de pot, il était là ce soir… il y a des jours comme ça. Car il faut le connaître, le Simon Mauriere, il à ses quart d'heure, c'est un impassible, un solitaire, mais face à cette nouvelle génération de voyous qui ne respectent rien, il est pas d'humeur. Il fond les plombs et l'envie de buter fait pression. Il y pense souvent, il se dit parfois qu'avant la retraite il est capable d'en fumer un… Et ce soir, c'est peut-être le grand soir, sa nuit des longs couteaux. S'il tire, il le fera trois fois. Il est prêt. Les deux complices se sont reculés et attendent, arc- boutés, prêts à profiter de la moindre maladresse pour fondre et reprendre l'avantage. Mais l'expression de Simon les fait vraiment hésiter… il représente un danger réel. Le chauve tente plisse le regard pour mieux dévisager cet inconnu qui fait preuve d'une assurance inhabituelle.

    «Tes qui toi, l'enculé ?

    - Videz vos poches, toutes vos poches sinon je te jure que je vous refroidis !

    - Ecoute, on s'est emportés… d'accord ? On se casse et c'est bon…

    - A trois je te colle une bastos dans le poumon, histoire de voir ta sale gueule hurler !

    - Mais tes con ou quoi ? Tu sais qui ont est connards ?

    - Un…

    - Fais pas chier et laisse-nous nous barrer !

    - Deux…»

    L'un des trois hommes devient soudainement raisonnable.  C'est toujours comme ça avec le plus merdeux, seulement c'est communicatif. Son compagnon de misère l'imite… Le crâne rasé écoute les objets tomber sur le sol, une pièce de monnaie roule même jusqu'à ses pieds pour tourner, hésitante et se poser devant sa semelle. Son impuissance et l'humiliation le rend fou de rage. L'un de ses hommes a une arme et il se demande bien ce qu'il attend ! En fait, il attend rien, il ne bouge pas une oreille car le flingue qui dresse sa gueule noir sur l'un et sur l'autre avec nervosité le dispense de toute folie.

    Lui a vite appris le métier, quand ça commence mal faut savoir s'arrêter. 

    Mauriere ne parle pas, il gronde… Et dans le silence de la salle qui sent l'atmosphère aussi lourde qu'un tombereau d'enclume ça prend une intonation des plus menaçantes. C'est plus des braqueurs qu'on a peur… c'est de lui.

    «J'ai dit tout ! Toi là-bas… t'as rien oublié ? Tu le veux aérer ton poumon ? »

    L'homme passe son bras dans le dos et montre l'automatique qu'il tient de deux doigts par la crosse, puis s'accroupit pour le poser à terre. Mauriere se tourne vers le meneur qui n'a pas bougé.

    «Tu vois, je savais que j'allais te buter… t'es trop con !»

    Simon baisse son canon vers la poitrine de l'homme qui finit par prendre peur.

    «Bon ça va !»

    La moquette s'enrichit… Mais il est trop tard, le Capitaine Mauriere dépasse les limites de son cerveau rationnel, il cherche l'excuse, il veut l'occase, les descendre devient une fixation ! Il n'y a pas une voix pour le calmer, comme la dernière fois où ses hommes l'avaient raisonné pendant cinq minutes pour le faire revenir à lui. Le trio maléfique s'en rend bien compte. Ils ne font plus les fiers, ils sont dans l'impasse et toute la clientèle du Brasilia en est consciente. Personne n'ose parler, tousser ou faire le moindre geste. Mélisse lui-même est tétaniser il est convaincu que ce flic va procéder à une exécution sommaire dans son rade… du jamais vu !

    «Les montres, les bijoux, tout, j'ai dit tout !»

    On ne discute plus, il faut calmer le fauve… Tout se décroche nerveusement, tout tombe dans un bruit mat.

    «Les futals aussi ! Vite ! Vite ! Les futals j'ai dit !»

    Ça devient de la folie, les braqueurs n'ont plus la rage ni la honte, ils ont peur de ce doigt crispé qui tremble sur la gâchette. Pour eux ça va partir, c'est du dix contre un ! Ils obtempèrent, pâles, livides… Puis c'est le calme complet. Tous regardent  les muscles du visage du flic travailler. Il pense, il lutte contre cette envie de meurtre et c'est long, ça paraît un siècle. On sursaute car il bouge, s'approche du chef de la bande, la sueur coulant de son visage, le regard livide et les dents serrées à en éclater l'émail. Il plante l'acier de son canon dans le cou du tondu, l'enfonce de toutes ses forces en le tournant pour bien en imprimer la marque et parle dans un sifflement de rage.

    «Maintenant tu vas dégager fils de pute et n'oublie pas… Cette boite est sous ma protection, rappelle-toi bien, Mauriere, Mauriere Simon de la criminelle… N'oublie pas ce nom enculé ! Ne l'oublie jamais, car même en taule je te ferais sauter tes valseuses, salope ! Dégage»

    Les trois hommes reculent doucement, pas encore convaincu, puis disparaissent derrière le rideau de l'entrée.

    «On va te tuer ! T'entends on va te tuer !»

    Les promesses rendent les innocents heureux… Simon semble épuisé, il range son arme tranquillement, s'approche du comptoir, relève un tabouret et s'assied.

    «Une autre …»

    La Barmaid  est la première à se ressaisir et s'empresse de le servir… Mélisse est défait, il veut faire bonne figure et demande qu'on remette la Sono. Il offre une tournée générale et fait signe à Lactel de faire la ramasse de tout ce qui traîne, puis, après une courte hésitation se dirige vers le policier.

    « Pourquoi vous avez fait ça ?»

    Mauriere qui reprend ses esprits se tourne vers lui, sans amabilité.

    «Pas pour vous… On se connaît pas et c'est bien comme ça. j'aime pas qu'on me foute mes soirées en l'air, c'est tout.»


  •  

    Je me retrouve dans un hamac pour ma première nuit en forêt. La pluie a cessé et c'est un concert infernal de grenouilles qui a pris le relais. Je reste allongé, les yeux ouverts dans l'obscurité, imaginant la vie de "Prispris", ce vieux blanc perdu au fond de cette végétation sauvage et inhospitalière. Quel démon a-t-il fui pour finir ici, loin de tout, loin de son pays et de sa civilisation ? Il n'a plus de chien, son dernier compagnon est le quatrième à avoir été enlevé par un Puma. Là, devant la porte de sa chambre. Pourtant c'était un molosse, un doberman, on fait difficilement plus grand… Mais rien à faire. Lui pas plus que les autres n'a vu venir le danger et un tout petit cri, à peine audible, a marqué la fin de ce compagnon d'infortune.

     Alors il en a eu marre... Le Puma ira chercher à bouffer ailleurs.

     Dans cette pièce qui se dessine peu à peu devant mes yeux qui s'habituent à l'obscurité, je devine les formes, les objets, les meubles. Pas grand-chose, certes, mais j'imagine le temps et la patience qu'il a fallu  pour amener tout ça ici, un miroir, une commode, un porte-manteau… Un refuge meublé peu à peu, à force de tractations, d'échanges ou de hasard. Armand Loubet, il a lâché son origine à demi-mot, "Dijonnais", comme un souvenir lointain qui n'aurait plus aucun sens.

     Que peut  bien faire cet homme ici ?

     A chacun sa vie et ses mystères, ses chemins empruntés et ses jardins secrets. L'homme ne semble pas malheureux, il vit du passage des orpailleurs ou des aventuriers en mal d'émotions. Son quai de bois est un point d'accostage apprécié d'autant plus que sa piste mène vers Kourou, la ville blanche, lointaine, mais civilisatrice à souhait ! Là-bas il y a des maisons et même quelques immeubles, pas bien hauts, mais impressionnants dans le pays du carbet. L'homme perdu par trop de solitude et de craintes y trouvera, après des heures de piste, des magasins, des bars avec des terrasses, des femmes, des blancs et des légionnaires. L'esprit sécuritaire y sera.

    Mais lui, Armand, il est là, au bout du monde, accolé à son ponton comme une sentinelle loin de la ville.

    Je ne peux m'empêcher d'en vouloir à ce salopard de Lamant qui doit en ce moment dormir dans des draps de soie. Il a la tronche à ça ! Je ne suis pas sûr qu'il ait la moindre pensée pour moi. Hugo et ma pomme ont doit être classés dans la catégorie bétail. Le retour de son fils doit être sa seule préoccupation et les premières piqûres de moustiques que je viens de me payer ne doivent pas le tourmenter. Il est de ceux chez qui tout  se paye et, à ce propos, je me dis que j'ai été plutôt timoré sur mon tarif. En fait, mon père a tort, ce n'est pas le métier qui est "crève-la-faim" mais le guignol qui fait les prix et dans le cas présent, c'est moi.

    Il règne autour de  moi comme un parfum d'entourloupe…

    Les grenouilles sont infatigables. Pour être si petites avec une si grande gueule, il faut que le créateur, ce jour-là, ait eu l'esprit ailleurs ou un moment de délire. Par contre, en créant l'Anaconda et le caïman, il devait plutôt avoir le moral au mauvais fixe… Mon hamac est inconfortable. J'ai perdu l'habitude et c'est à grand renfort de sommeil que je fini par plonger dans le trou noir, abandonnant mes pensées et le croassement qui s'éloigne dans la nuit sombre et mystérieuse.

    Hugo n'a pas besoin de me réveiller…

    J'écarte ma moustiquaire et pose mes pieds sur le sol en prenant bien soin de jeter un œil avant pour éviter les mauvaises surprises. Même retournées sur le chevet, je secoue mes chaussures et les frappe contre le rebord du meuble avant de passer une main timide à l'intérieur. C'est fou ce que les habitudes se reprennent vite! Rassuré, je les enfile et les lasse.

    Armand est déjà installé sur sa terrasse, il est assis sur une chaise et fume tranquillement sa pipe. A mon approche il lève un regard qui se veut aimable, un rictus aux bords des lèvres il me fait un signe nonchalant du doigt pour me désigner la cafetière.

     

    - Bien dormi ?

    - Je ne sais pas,  à mes courbatures je serais tenté de dire oui.

    Je remplis  mon quart et m'approche de la rambarde de la terrasse pour observer la végétation environnante. Il n'est pas sept heures du matin et je suis déjà en sueur. Hugo a rangé le Toyota contre la maison. J'aperçois sa silhouette accroupie sur le bord du ponton. Elle se détache de cette eau marron qui s'écoule lentement. Il émane de ces rivières une force que l'on ressent et que l'on devine malgré leur apaisement apparent. Trahi par le passage d'un feuillage ou d'une branche, le courant apparaît un instant comme puissant et rapide. Je reste sur mon jugement premier. Ici, il n'y a rien pour m'inspirer l'amour. Armand toussote en tapant sa pipe dans le creux de sa main.

    - La pirogue va être prête, je vous ai laissé un bidon de 20 litres en rabe…

    - On va loin ?

    - Non,  une heure d'ici, une heure quinze tout au plus.

    - Si tout va bien on sera donc de retour en fin de matinée ou début d'après-midi !

    - Si tout va bien…

    Là, il vient de me gonfler. Il a laissé sa phrase en suspens  pour se moucher puis replie consciencieusement le tissu avant de le glisser dans sa poche.

    - Armand,  y a-t-il une bonne raison pour que ça se passe mal ?

    Il réfléchit le plus sérieusement du monde, se tourne vers la rivière et fait une moue incertaine.

    - C'est pas la bonne question.

    - Et c’est quoi la bonne question ?

    Il se redresse et me pose une main amicale sur l’épaule.

    - Y’a-t-il une bonne raison pour que ça se passe bien ?

    C’est ça la bonne question.


  • ADRIENNE

     

    Théo surveille du coin de l'oeil la Mamie qui porte avec soin la tasse à ses lèvres car il a l’étrange sensation que son regard se pose régulièrement sur lui, un sentiment que l'on apprend vite en tôle et comme il n’en connaît pas la raison, ça commence à lui pomper le jonc !

    - Pardon Monsieur vous êtes du quartier ?

    Théo sursaute et tente de faire bonne figure, autant la valider civilisé en sortant du placard.

    - On peut dire ça comme ça… je sors de là-bas.

     Il ponctue en désignant du menton la direction de la prison. La femme aux pommettes ridées hausse les sourcils.

    - Vous êtes gardien de prison ?

    - Pas vraiment…

    - Vous êtes ouvrier à l'entretien ?

    Théo commence à se poser des questions.

    - Vous le faites exprès ? Je sors de tôle, je viens d'être libéré et j'aimerais boire mon verre tranquille.

    La vieille dame semble rougir et baisse les yeux.

    - Excusez-moi, je suis désolée.

    - Il ne faut pas !

    Il porte de nouveau son verre aux lèvres et laisse doucement son palais se rafraîchir aux senteurs de l'anis quand la petite voix se fait de nouveau entendre.

    - Remarquez…

    - Quoi encore ?

    - Je me disais que c'est peut-être une coïncidence heureuse ?

    - Je commence à me le demander…

    Elle repose sa tasse délicatement et le regarde avec tendresse.

    - Vous n'avez donc rien à faire ces temps-ci ?

    - Si, savourer ma liberté et, pendant que j'y pense, ma tranquillité.

    - Vous n'avez pas non plus beaucoup d'argent ?

    Ca, c'est le mot magique… il ne sait pas où elle veut en venir, mais si elle aborde le fric, sujet sensible, il se sent soudainement moins agressif et plus attentif.

    - On ne peut rien vous cacher.

    - Alors nous pourrions nous entendre, cher Monsieur.

    - Dites toujours ?

    La vieille dame pose un billet sur la table bistrot et se tourne vers lui avec un sourire attachant.

    - Je suis venue faire mes adieux à une cousine. En effet, je suis atteinte d'une maladie implacable et je n'ai plus beaucoup de temps devant moi pour mettre mes affaires en ordre. Or, il me faudrait quelqu'un pour me conduire en province, juste un aller et retour, je souhaiterais revoir une dernière fois ma filleule. Vous accepteriez de me conduire ?

    Théo ne cache pas son étonnement, ceci dit, il gamberge.

    - Je n'ai pas de voiture…

    Elle émet un petit rire amusé.

    - Ce n'est pas grave, je prends tous les frais à ma charge, la voiture, vos frais journaliers et même votre vestimentaire… ce ne serait pas du luxe, reconnaissez-le ?

    Il approuve d'un signe de tête. Pour lui c'est un coup de bol pas pensable, une aubaine pareille, c'est aussi courant qu'une complaisance de procureur. Ceci dit, afin de s'éviter une fausse joie, il veut tester la fiabilité de sa bienfaitrice.

    - Mais je suis tôlard, ça ne vous chiffonne pas ?

    - Vous ne vous êtes pas évadé au moins ?

    - Je n’ai jamais réussi.

    - Alors vous êtes au contraire celui qu'il me faut, je sais au moins à quoi m'en tenir.

    - Bien parlé la petite dame, je ne prendrais pas le risque d'y retourner de sitôt.

    - C'est exactement ce que je pensais.

    Son regard détaille la tenue vestimentaire de son interlocutrice, un chapeau en crêpe un peu ridicule avec un voile noir qui ne parvient pas à masquer son rouge à lèvres criard en cul de poule sur un visage fardé à outrance. Seul son chemisier immaculé tranche avec le tailleur noir sur lequel brille de tous ses feux une broche rutilante. En baissant son regard, il découvre des collants épais comme des galettes bretonnes, des remboursés Sécurité Sociale et des bottines torturées, d'un autre temps. La paire vaut le coup d'oeil, elle est enveloppée par un cirage aussi gras qu'une nappe de goudron entretenue par une brosse à reluire tenace et adepte du frottement intensif depuis des lustres.

    Pour lui, il n'y a pas à dire, des pompes pareilles ça se vend à l'Hôtel Drouot. Pas besoin d'être un faussaire pour leur donner un passé prestigieux. Ces engins là n'ont plus d'âge, ils ont encore du cuir, pour sûr, de l'épais, du biscornu, du bosselé à l'arthrite, du bombé à l'oeil de perdrix. Ces machins ont tout connu, les marches de l’Impérial, Germinal, l'exode, l'hiver cinquante six, les petits matins froids sur les boulevards, les soirées à l'Opéra, ça représente des kilomètres de queues ça ! De quoi faire pâlir de jalousie une gagneuse de vingt ans de métier rue Saint Denis.

    C'est bien simple, ils n'ont plus de forme, ils n'ont que des formes mais rutilantes.

    Un pied normal et de bonne pointure ne peut plus s'enfiler ça, c'est le vouer à la peine capitale ! Il en ressortirait dans un état irréparable, un défi pour podologue.

    En fait, si elle a certainement tout de la femme "bien mise" c'est du grand siècle, et encore, à mi-chemin avec celui des dites lumières, mais aujourd'hui ça fait franchement rétro, voire un tantinet marabout sur les bords. Elle ne doit pas s'en rendre compte car elle affiche un sérieux d'inquisiteur, celui avec lequel on ne badine pas, de la grande vertu dans toute sa hauteur.Ceci dit, agrémenté d'une pointe de tendresse

    quand elle le regarde, voire de compassion, ce qu'il interprète pour de l'innocence ou de la naïveté. Il pense en la détaillant qu'elle doit être en manque de charité et qu'elle veut faire le plein avec sa pomme.

    Tout de même, un dernier point le turlupine car l'appât du gain reste, avant tout, d'actualité...

    - Et vous lâcher combien pour ce boulot ?

    - Je vais largement dépasser vos espérances.

    - Oui, mais ça ne me dit pas combien…

    - Je ne vais pas vous le dire, mieux que ça, je vais vous le montrer.

    Théo reste incrédule, il pourrait bien la prendre pour une piquée, mais son ton posé et le sérieux qu'elle affiche la rend crédible. Elle sort de son sac un stylo et le lui tend.

    - Servez-vous de votre addition, je vais vous laisser mon adresse… Prenez une chambre d'hôtel non loin et venez me retrouver à dix- sept heures précises. Attention, soyez ponctuel, j'ai horreur d'attendre.

    Il acquiesce d'un signe de tête et la regarde se lever avec difficulté.

    - Je vous donnerai tout à l'heure une avance pour vos frais.

    Abasourdi, il observe la silhouette frêle et fragile s'éloigner à pas mesurés. L'idée qu'elle soit folle lui traverse réellement l'esprit, mais le fameux "avance pour vos frais" produit sur lui un effet magique, il va aller voir ça de près… Finalement, il n'a rien à perdre.

     

    ADRIENNE






    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique