• lLE BISTROT

     
     

    Je crois très sincèrement que les lieux ont une "âme".

    Pour exemple je citerais un vieux bistrot que je fréquentais autrefois, je restais parfois pas loin d’une heure avec une paire de cafés, apaisé, m’imprégnant de cette ambiance étrange alors qu’il n’y avait pas toujours des clients à ce moment-là. Qu’importe, même dans le silence le plus total "je sentais une présence", comme-ci toutes ces vies qui avaient pénétré en ce lieu n’en n’étaient jamais véritablement sorties. C’est une sensation difficile à exprimer, raison pour laquelle je laisse libre cours à votre imagination.

    La mienne a travaillé.

    Dans ce vieux troquet où je revois le patron et sa chemise aux manches relevées, le mégot aux lèvres, astiquer ses verres avec parfois un bruit de fond venant de la cuisine, sa femme préparant le repas des ouvriers, j’imaginais des fantômes attablés… Témoin de la grande exposition universelle, de la mobilisation générale de la grande guerre ou des évènements sociaux de 36, je les voyais et les entendais parler vivement ou à voix basse, accoudés au comptoir, parfois s’interpellant en s’engueulant. Je devinais de jeunes amants timidement blottis au fond du café troublés par la clochette de la porte, par des voisins venant se faire dépanner d’une bouteille… Combien de scènes n’a vécu cette salle aux murs à présent délavés avec les vieilles publicités émaillées d’alcool, de bière ou de vin.

    Si le percolateur pouvait parler…

    J’ai donc voulu écrire sur l’un de ces bistrots avec deux "esprits" pour héros. Certes, je ne pouvais pas faire quelque chose de trop nostalgique ou de triste, j’en suis incapable, c’est donc avec une certaine fantaisie que je m’y suis amusé.


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    L'INTOX

     
     

    Il ne faut jamais oublier que trop souvent il est une différence entre celui qui commet, celui qui arme sa main et celui qui commande le crime. Il est fréquent que ce soit trois "milieux" et personnes différentes.

    Pour la manipulation et l’intox c’est une embellie.

    Une bombe qui explose, un détournement d’avion, une exécution n’échappent pas à la règle. Un exemple entre mille : en Italie le pauvre Aldo Moro en fit les frais en 1978, exécuté par les Brigades Rouges finalement selon les souhaits d’Andreotti le chef du gouvernement, deux mondes qui ne se connaissent pas, mieux, adversaires pour ne pas dire ennemis jurés. Pourtant par cet assassinat l’un a servi les intérêts de l’autre, la manipulation est dans l’intermédiaire et l’intox dans la responsabilité des tueurs aux yeux du monde.

    Personnellement je tenais à écrire sur cette supercherie si souvent employée mais en dédramatisant, je ne peux pas concevoir la terreur, le sang et les larmes, ceux qui me lisent le savent. Alors tout en démontrant les méandres perfides d’une intox montée de toute pièce il me fallait un commanditaire imprudent, un intermédiaire malchanceux et une bande de branquignols pour monter l’opération. Car ne nous y trompons pas, chez les terroristes on a plus souvent l’occasion de tomber sur des branques incultes plutôt que des puits de science.

    Je me suis beaucoup amusé en écrivant L’Intox.


  • INSPIRATION L'ETANG

     

    A l’origine, c’est une affaire de passion, l’étang !

    J’ai toujours été impressionné par ces plans d’eau qui se nichent tantôt au creux d’un vallon ou dans quelques fondrières au cœur des bois, leur berge à la végétation sauvage, la vie qui y naît, discrète et furtive. L’étang est le point de ralliement de tout ce que la nature peut comporter : insectes, volatiles et tous autres gibiers si retrouvent avec une particularité, toujours en silence. Je crois que j’ai avant tout été imprégné par ce calme reposant, l’eau sombre et mystérieuse, lisse, où se reflète les nuages et le léger balancement des joncs au frottement des poissons.

    Chez ces derniers il est un roi… Le brochet.

    Ensuite l’étang n’échappe pas à l’apparition de l’homme, outre le promeneur solitaire ou le pêcheur prudent et discret il y a le campeur, l’homme des villes qui s’installe sans gêne et sans complexe avec femme, enfants, barbecue et transistor.

    J’ai connu aussi.

    Comment ne pas être tenté pour en faire ma toile de fond pour un roman où l’étang serait confronté aux turpitudes de l’agitation humaine pour le plus grand malheur d’un brochet qui aspire à sa tranquillité quotidienne.

    Ce fut la naissance de "l’étang".


  • UN HOMME TRANQUILLE

    J’ai connu, comme vous tous, des tas de gens dans ma vie, pour beaucoup des "ordinaires", sympas, amusants, agréables, détestables, des instruits et des cons. Mais j’ai également connu de nombreux cas à part, des hommes différents vivant à l’écart du monde, tous détendeurs d’un étrange passé.

    Ainsi, dans un pavillon de banlieue j’ai fait la connaissance d’un scientifique retraité qui vivait enfermé chez lui ou presque et qui se consacrait à un immense train électrique sur toute la surface de ses combles. Un autre, ancien officier de Marine qui vivait dans une caravane ne passant son temps, été comme hiver, à arpenter le pays ardéchois, bivouac en toutes saisons en multipliant ses clichés du levé du jour au coucher du soleil. J’ai aussi fait la connaissance d’un homme qui passait sa vie à "tondre" sa montagne pour que le commun des mortels puisse s’y promener en famille sans se griffer les mollets, d’un menuisier retiré dans son atelier qui ne voulait même pas voir son facteur, passant des heures à restaurer ou à fabriquer.

    Tous avaient un point commun, ils en savaient bien assez du monde des hommes.

    Chez tous ces gars, il y avait un vivier de passés qui devait rester loin mais bien au chaud dans les mémoires. Anciens résistants ou de la division Charlemagne, ancien Para d’Indochine ou Légionnaires d’Algérie, ancien combattant de l’OAS ou Mercenaires malgré eux ou tout simplement anciens déçus, cocus, abandonnés ou trahis. S’ils se vouent à des plaisirs simples, au calme, il y a tout de même dans leur regard une flamme qui ne s’éteindra jamais.

    En écrivant "Un homme tranquille" j’ai pensé à ce qu’il se passerait si l’un d’eux avait cette nouvelle existence perturbée et cela m’a beaucoup amusé.

    Car vous le savez bien, "on ne réveille pas l’eau qui dort"…


  • LE PROGRAMME

     
     

    Le programme n’est pas une invention de mon imaginaire, il est le cumul de plusieurs initiatives gouvernementales de différents pays.

    Pour l’un d’eux, l’ex-URSS, qui a construit secrètement plusieurs villes d’importance même pas marquées sur la carte mais également et surtout une petite ville américaine où les futurs agents pouvaient "s’imprégner" du mode de vie du pays ciblé. Tout y était, station-service, commerces, boites, restaurant et logements, on y parlait que l’américain et on consommait… américain. La France qui, aussi, a construit plusieurs sites de villages ou de zones industrielles à l’identique des réelles pour y entrainer ses hommes et si la forme de l’utilisation est différente, le fond reste le même. Dernier exemple, les nouvelles identités avec des placements en environnements "sécurisés" dans le cadre des protections de témoins ou de personnes "exfiltrées" de l’étranger. Bref, tous sont des programmes mis en place et dans le plus grand secret.

    Comment voulez-vous que je n’écrive pas le mien ?

    Ainsi naissait "Le programme"…





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